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Effets du temps partiel sur la conciliation des temps sociaux des aidants
Auteur(s)
- Anaïs Cheneau
Référence
CHENEAU A., 2019, « Effets du temps partiel sur la conciliation des temps sociaux et des aidants », Direction Générale du Trésor, CAIRN 2019/2 n°216, p 65 -89.Domaines de recherche appliquée
Thématiques
Incapacités
Zones géographiques
Résumé de l'auteur
Face à la difficulté de concilier vie professionnelle et vie privée du fait de la charge de responsabilités qui pèse sur les salariés aidants, cette étude s’intéresse à la corrélation entre le travail à temps partiel et ses effets sur le bien-être et le relationnel des aidants.
Des congés spécifiques pour les aidants existent depuis 2007, mais force est de constater qu’ils ne sont pas mobilisés principalement parce qu’ils ne sont pas rémunérés et que le travail peut être une source d’épanouissement social et de « répit » par rapport à l’activité d’aide.
En comparant les données sur l’allocation des temps sociaux entre salariés aidants à temps partiel et à temps plein, les résultats montrent une augmentation significative du temps libre qui profite à l’accompagnement de l’aidé mais qui, à contrario, contribue à isoler plus encore l’aidant qui travaille à temps partiel de son tissu relationnel et à le « renfermer dans son activité d’aide ».
L’article vise donc à éclairer les pouvoirs publics sur les potentiels effets négatifs d’une politique de temps partiel sur les aidants qui, plus est, sont renforcés par une inégalité de genre notamment dans le cas de mères de jeunes enfants.
Commentaire du Centre Ressources
Méthodologie de recherche
Cet article présente une étude originale et récente (inédite)qui interroge, à partir de données statistiques de l’enquête de la Drees « Handicap-Santé » de 2008, les effets du temps partiel sur la conciliation des temps sociaux des aidants et les répercussions de l’aide sur leur état de santé et leur bien-être. C’est cette dichotomie entre emploi et aide qui nous intéresse dans l’évaluation des dispositifs de soutien des salariés aidants et l’étude est enrichissante à plusieurs titres :
En effet, si les études précédentes (2000, 2011) avaient pu établir un lien positif permettant la réduction dans la surcharge des rôles, cela ne concernait que les parents et les mères de jeunes enfants qui profitaient pour consacrer ce temps « libéré » à la parentalité, à l’éducation et aux travaux domestiques.
L’étude porte sur un échantillon de 1.574 aidants en emploi qui accompagnent aussi bien des personnes âgées que des personnes en situation de handicap ou atteinte de maladie chronique quel que soit leur âge. Or, la nature même de l’aide montre d’importantes répercussions sur la santé psychologique des aidants (troubles du sommeil, fatigue morale, dépression et stress).
Enfin, l’étude est aussi originale dans sa manière d’aborder la conciliation des temps sociaux qui, au lieu d’opposer travail et famille analyse 3 dimensions : vie professionnelle, vie sociale (temps domestique/parental et temps personnel et de loisirs) et activité d’aide.
L’étude est descriptive pour les acteurs de terrain car elle a permis de dégager de grandes tendances sur les salariés aidants en emploi : Ce sont majoritairement des femmes âgées en moyenne de 45 ans dont les 2/3 ont un diplôme inférieur au BAC ou aucun diplôme, sont plutôt des personnes employées ou ouvriers. Parmi la population étudiée, 24% sont à temps partiel. Ils sont plus nombreux à aider plus de 3 heures par jour contre moins de 1 heure pour les salariés à temps plein.
Les salariés à temps partiel semblent avoir des responsabilités plus importantes que les salariés à temps plein, ils sont plus nombreux à avoir au moins 3 enfants, à cohabiter avec la personne aidée et à accompagner des personnes plus dépendantes dans la vie quotidienne.
Même si les salariés à temps partiel sont moins nombreux à déclarer un manque de temps pour l’aide, ils sont significativement plus nombreux à déclarer des impacts de l’aide sur leurs relations sociales et leur santé mentale.
Enfin, l’ajustement des biais, la mise en place de variables de contrôle et d’indicateurs, les limites de l’interprétation des résultats démontrent la rigueur méthodologique de l’étude et son sérieux.
L’étude est utile pour les pouvoirs publics, les institutions et les associations de défense des personnes vulnérables car elle apporte une analyse complète et nuancée sur les ajustements du temps de travail pour les aidants et ses effets directs sur l’aide et prône plutôt un développement des dispositifs d’aides professionnelles à destination des personnes aidées pour ne pas renforcer les inégalités sociales et les rapports de genre au travail.
Les lecteurs s’attarderont sur la revue de littérature et la présentation des résultats de l’analyse offrant une large description des données d’étude et de la population caractéristique du temps partiel (p67 -72).
Téléchargement(s)
- Accéder à la recherche (FR) Source: Cairn