Le soutien à l’emploi de type « placement et soutien individuels » pour les personnes atteintes de troubles mentaux graves : sa pertinence pour le Québec

Auteur(s)

  • Eric Latimer

Référence

Le soutien à l’emploi de type « placement et soutien individuels » pour les personnes atteintes de troubles mentaux graves : sa pertinence pour le Québec. 2008

Domaines de recherche appliquée

Thématiques

Incapacités

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Résumé de l'auteur

Environ 2 à 3 % de la population adulte ont un trouble mental grave (ces personnes étant principalement atteintes de schizophrénie, de troubles schizo affectifs, de troubles bipolaires ou de dépression majeure). Selon divers sondages, la majorité de ces personnes voudraient travailler, ne serait-ce qu’à temps partiel. Celles-ci voient dans le travail non seulement une façon d’accéder à un revenu plus élevé, mais aussi une source de satisfaction personnelle et un gage de citoyenneté à part entière. Le travail procure à ces personnes, comme au reste de la population, de multiples avantages : activités structurées, augmentation de l’estime de soi et de la qualité de vie et construction d’une identité positive de citoyen à part entière plutôt que d’une identité de patient psychiatrique. Le travail joue ainsi un rôle important dans leur rétablissement. Toutefois, on constate que seulement 10 à 30 % de ces personnes travaillent, y compris dans des milieux protégés. Le réseau actuel de services d’insertion socioprofessionnelle relève à la fois du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS), auquel se rattache l’agence Emploi-Québec. Trois observations principales se dégagent de l’analyse des programmes actuels. Premièrement, malgré l’existence de plusieurs programmes spécifiquement conçus pour les personnes qui ont des troubles mentaux graves et surtout développés par le réseau de la santé et des services sociaux, la plupart des programmes ne sont pas orientés vers l’intégration en milieu régulier. De plus, la division organisationnelle entre les services d’insertion en emploi et les services de santé mentale fragmente les services du point de vue des usagers. Deuxièmement, les programmes et mesures d’Emploi-Québec ont été conçus, pour la plupart, en fonction des besoins de la population générale et ne tiennent pas bien compte, exception faite de certains services spécialisés de main-d’œuvre, des besoins particuliers des personnes qui ont des troubles mentaux graves. Troisièmement, les règlements relatifs aux prestations d’assistance-emploi découragent, d’un point de vue financier, le travail régulier pour bon nombre de personnes qui ont des troubles mentaux graves. Ainsi, malgré le désir exprimé par la majorité de ces personnes de travailler, et le rôle crucial que l’on reconnaît au travail (particulièrement au travail régulier) dans le rétablissement des personnes, le réseau actuel s’oriente différemment. En effet, il privilégie des mesures de pré-employabilité diverses et l’intégration à des milieux de travail protégés et, de plus, il décourage le travail régulier sur le plan financier. La plupart de ces difficultés sont reconnues depuis longtemps, mais leur résolution est rendue ardue en raison de leur nature intersectorielle et probablement aussi d’un certain scepticisme partagé par bon nombre d’intervenants à l’égard de la possibilité d’emploi régulier pour les personnes qui ont des troubles mentaux graves.

Commentaire du Centre Ressources

Tenant compte, en matière d’insertion professionnelle pour les personnes en situation de handicap mental et psychique, des orientations politiques du Québec qui favorisent un exercice plein et entier du droit à l’égalité à l’embauche, cette monographie présente de manière détaillée le modèle d’intégration à l’emploi nommé Individual Placement and Support (ou en français « Placement et soutien individuel »). Il s’agit d’un modèle émergent qui propose un accompagnement à l’emploi relevant d’autres méthodes que celles traditionnellement appliquées pour le public des personnes en situation de handicap mental grave. La force de ce modèle repose sur le principe simple d’intégrer la personne dans un emploi et de l’accompagner dans celui-ci au travers d’une formation. Les chiffres actuels tendent à mettre en valeur ce modèle, qui faciliterait nettement l’intégration et le maintien dans l’emploi de ce public. Cette monographie propose une approche territoriale de cette pratique au travers de l’échelle provinciale du Québec. De cette manière, le lecteur constate les enjeux concrets sur le territoire étudié.

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