Femmes et handicap

Auteur(s)

  • Dominique Masson

Référence

MASSON, Dominique. « Femmes et handicap », Recherches féministes. 9 juillet 2013, vol.26 no 1. p. 111 129.

Domaines de recherche appliquée

Thématiques

Incapacités

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Résumé de l'auteur

Les femmes handicapées, leurs réalités et leurs combats sont encore largement absents du courant de pensée majoritaire (mainstream) en études féministes qui, malgré un virage récent vers les analyses intersectionnelles, demeurent peu au fait des modalités d'analyse du handicap et des oppressions fondées sur les (in)capacités. Cet article veut permettre à un lectorat francophone de se familiariser avec les principales bases conceptuelles utilisées pour théoriser le handicap et les (in)capacités développées dans le domaine des études critiques du handicap, et en particulier par les auteures féministes travaillant dans ce champ. Il vise également à contribuer aux connaissances féministes des enjeux de transformation sociopolitique qui sont centraux pour les femmes handicapées, tels que ceux-ci sont révélés par les luttes de l'organisation féministe Action des femmes handicapées (Montréal). En conclusion, l'auteure explique la raison pour laquelle le handicap doit être considéré comme un enjeu féministe.

Commentaire du Centre Ressources

Masson présente dans un premier temps les modèles théoriques du handicap. Le modèle biomédical analyse les problèmes et difficultés des personnes handicapées comme le résultat de leurs incapacités (limitations fonctionnelles). Surmonter ses problèmes passe alors par des traitements et de la technologie. Le modèle social critique radicalement le modèle biomédical : ici, c’est la société qui produit le handicap. Le handicap résulte de barrières sociales économiques et environnementales, alimentées par des stéréotypes et des attitudes envers les personnes handicapées.
La critique adressée à ce modèle est le fait qu’il ne permette pas d’analyser les déficiences elles-mêmes. Masson s’appuie sur les théories de Susan Wendell et de Rosemarie Garland-Thomson, et présente leur cadre d’analyse basé sur le système ability/disability (capacité/incapacité). Dans leur perspective, le handicap résulte d’un processus social : la société interprète les corps et leur attribue des significations, en fonction de normes et discours socialement construit. Les corps catégorisés comme anormaux sont perçus comme déviants, ou incomplets. 
Ce système, qualifié d’ableism (capacitisme au Québec, validisme en France), constitue une des pierres angulaires de l’organisation sociale, qui repose de ce fait sur la marginalisation et l’oppression des personnes aux corps déviants. Masson définit le capacitisme/validisme comme « une structure de différenciation et de hiérarchisation sociale fondée sur la normalisation de certaines formes et fonctionnalités corporelles et sur l’exclusion des corps non conformes et des personnes qui les habitent » (p. 115). Masson présente ensuite la pluralité d’appropriations du handicap et de la notion de capacitisme/validisme dans les études féministes et queer. 
Masson conclue sur les intérêts politiques à intégrer le handicap aux enjeux féministes. Les études sur le handicap proposent des outils conceptuels pertinents pour analyser les réalités vécues des femmes handicapées. D’autre part, les organisations militantes féministes doivent permettre une meilleure inclusion des femmes handicapées dans leurs programmes politiques.

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