Impact du mammobile sur le dépistage organisé du cancer du sein : exemple en Aveyron, thèse de médecine pour le diplôme d’état de docteur spécialité médecine générale
Auteur(s)
- Benoit Ferrié
Référence
Ferrié, Benoit, Impact du mammobile sur le dépistage organisé du cancer du sein : exemple en Aveyron, thèse de médecine pour le diplôme d’état de docteur spécialité médecine générale, 2013, Université Toulouse III.Domaines de recherche appliquée
Thématiques
Incapacités
Zones géographiques
Résumé de l'auteur
Le mammobile se déplace au contact d'une population féminine isolées, en milieu rural, à plusieurs kilomètres des centres de radiologie, mais aussi en zones urbaine " marginalisée ", toujours dans l'idée d'un égal accès au dépistage organisé du cancer du sein. Dans le contexte de recentralisation des compétences du dépistage organisé vers l'État, de nombreuses questions se posent sur le maintien du mammobile en Aveyron. En effet, le département affiche un faible taux de participation malgré l'utilisation de cet outil de dépistage. Deux autres départements sont équipés d'un mammobile : l'Hérault et l'Orne. Objectifs : Évaluation de l'impact du mammobile sur la qualité du dépistage en Aveyron et comparaison aux autres mammobiles présents dans l'Orne et l'Hérault. Matériel et méthode : Recueil de données fournies par les structures de gestion de chaque département de 2004 à 2011 et calcul d'indicateurs de performance cohérents avec le cahier des charges. Résultats : Le mammobile dépiste environ 3 000 femmes sur les 10 000 dépiste´es chaque année en Aveyron et 1 690 d'entre elles sont situées à plus de 30 km d'un centre de radiologie, soit au moins à 30 minutes de route, réparties sur 17 cantons. Ces cantons, pour lesquels la part de dépistage au mammobile est élevé, comptent parmi les ceux qui présentent les meilleurs taux de participation. Le dépistage au mammobile présentent cependant des inconvénients comme l'augmentation du taux de positif en première lecture (10,7 % en moyenne par an contre 8,9 % en cabinet de radiologie) ainsi qu'une augmentation de taux de perdues de vues (11,2 % environ en moyenne par an contre 2,7 % en cabinet de radiologie). Dans le département de l'Orne, le mammobile dépiste près de la moitié des femmes éligibles, et son mode de fonctionnement est plus efficient. Conclusion : L'impact et la gestion du mammobile en Aveyron ne sont pas suffisants pour permettre son maintien, cependant, il ne faut pas négliger la question de l'égal accès au dépistage et la réduction du gradient social. Dans l'Orne et l'Hérault, leurs activités sont parfaitement adaptées aux besoins du département.
Commentaire du Centre Ressources
En lien avec la problématique et les objectifs de la présente recherche sur le dépistage organisé des cancers du sein et colorectal pour les personnes handicapées vieillissantes, cette thèse souligne les freins mais également les leviers et facilitateurs favorisant la participation au dépistage organisé pour les femmes vivant en zone rurale.
Si la thèse porte sur la population générale, les freins identifiés dans l’accès au dépistage organisé du cancer du sein sont à considérer également pour les personnes handicapées vieillissantes. Ainsi, la participation au dépistage organisé du cancer du sein est fonction :
- -du niveau socio-économique des femmes,
- -de leur accès et recours à la santé et aux soins,
- -de leur participation aux dispositifs et moyens de prévention,
- -de leur lieu de vie et isolement géographique.
La thèse souligne l’impact positif du dispositif « Mammobile » sur la participation au dépistage organisé du cancer du sein pour les femmes cibles résidant dans les zones rurales desservies par le mammobile, et éloignées des cabinets de radiologie.
Elle identifie également les effets négatifs éventuels liés à l’organisation du dépistage organisé dans le cadre du mammobile : en l’absence de matériel adapté et de personnel qualifié pour le département de l’Aveyron, le taux de clichés « positifs » en 1ère lecture est supérieur aux clichés réalisés en cabinet. La nécessité d’organiser des examens complémentaires en cabinet suppose la mobilisation du médecin traitant et allonge le temps d’attente avant les résultats définitifs. Cette démarche supplémentaire génère angoisse et inquiétude chez les femmes et encourage le risque de décrochage vis-à-vis du dépistage organisé du cancer du sein.
Cette thèse présente aussi des organisations favorisant la participation au dépistage organisé du cancer du sein : la réservation d’une date précise au mammobile, des relances et confirmations téléphoniques, et la venue répétée du dispositif sur un même territoire au cours d’une même campagne de dépistage.
Ces différents résultats sont à mobiliser dans le cadre de notre étude focalisée sur les personnes handicapées vieillissantes, car ils soulignent les freins multifactoriels qui peuvent faire obstacle à la participation au dépistage organisé, freins que peuvent connaître les personnes handicapées vieillissantes. L’identification de leviers et facilitateurs sur le registre organisationnel est utile à notre étude, cette dimension étant abordée dans les entretiens collectifs et les questionnaires visant les professionnels médico-sociaux. Enfin, les propositions et pistes d’action pour améliorer l’accès au dépistage organisé du cancer du sein des femmes handicapées vieillissantes devront prendre en compte le risque de décrochage et les effets anxiogènes potentiels associés aux temps d’attente pour les résultats.