Recours aux soins de santé primaires des personnes en situation de handicap : analyses économiques à partir des données de l’enquête Handicap-Santé

Auteur(s)

  • Clémence Bussière

Référence

Clemence Bussière. Recours aux soins de santé primaires des personnes en situation de handicap : analyses économiques à partir des données de l’enquête Handicap-Santé. Santé publique et épidémiologie. Université Paris Saclay (COmUE), 2016. Français. ffNNT : 2016SACLS049ff. fftel-01320990f

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Résumé de l'auteur

Le handicap est multifactoriel. Toutes ses composantes sont potentiellement sources d’obstacles et de désavantages. L’originalité de cette thèse est de tenir compte de la complexité de définition du handicap dans l’analyse du recours aux soins de santé primaires. L’objectif ultime des soins de santé primaires est une meilleure santé pour tous, passant par la réduction des exclusions et des inégalités sociales d’accès au système santé. Nous appréhendons le handicap de différentes manières jusqu’à intégrer les trois dimensions d’« une situation de handicap » (dimension fonctionnelle, dimension environnementale, et participation sociale) dans un même modèle explicatif. D’abord, nous analysons la dimension fonctionnelle en considérant les personnes handicapées comme physiquement limitées. Puis, nous investiguons la dimension environnementale par une étude chez les adultes vivant en institution. Enfin, nous adoptons une vision globale du handicap en intégrant simultanément toutes les dimensions par la mesure de capabilités latentes. Le modèle estimé s’approche d’une comparabilité inter-individus révélant, toutes choses égales par ailleurs, les niveaux sur lesquels agir pour pallier les inégalités. Les analyses suggèrent qu’un environnement favorable, sociétal et/ou socioéconomique, pourrait compenser les effets négatifs des limitations et des restrictions cognitives et physiques. Nous concluons sur plusieurs voies possibles afin d’améliorer le recours aux soins primaires : agir sur la dimension environnementale et sur la participation sociale.

Commentaire du Centre Ressources

Deux chapitres ont retenu notre attention plus particulièrement, en lien avec notre étude sur le dépistage organisé des cancers pour les personnes handicapées vieillissantes : le chapitre 2 « La personne handicapée en tant que personne ayant des limitations fonctionnelles : l’effet de l’obésité et du handicap physique sur le recours au dépistage du cancer » et chapitre 3 « La personne handicapée dans son environnement social : les déterminants du recours au dépistage du cancer chez les femmes vivant en institution ».
En lien avec les objectifs de notre étude, cette thèse a identifié des freins et difficultés dans l’accès au dépistage du cancer du sein chez les femmes en situation de handicap physique, mais également des leviers et des ressources mobilisables par les femmes elles-mêmes. L’approche du handicap est ici multidimensionnelle, articulant une approche fonctionnelle, environnementale et globale.
Les freins identifiés pour ces femmes en situation de handicap physique sont notamment :
- des obstacles architecturaux et logistiques (accès aux bâtiments, appareils médicaux et tables d’examen et de consultation)
- des obstacles interactionnels, relatifs aux relations entre professionnels et bénéficiaires,
- des obstacles propres aux bénéficiaires, liés à l’appréhension de la douleur, d’une expérience négative, ou encore de résultats indiquant une anomalie.
A l’issue de ce travail et en lien avec les objectifs de notre étude, l’auteure conclut :
- que les capabilités sociétales et socioéconomiques influent beaucoup sur la probabilité de recourir au dépistage des cancers et de façon proportionnelle, les personnes ayant de moindres capabilités sociétales ayant moins de probabilité de bénéficier du dépistage des cancers du sein ou colorectal,
- que les capabilités socioéconomiques favorisent la participation au dépistage du cancer du sein,
- que les limitations et restrictions physiques et cognitives n’agissent pas sur la probabilité de participer au dépistage organisé des cancers, mais que les freins et leviers relèvent davantage de l’environnement dans sa dimension architecturale et physique et sociale,
- que le fait de vivre et d’être accompagné par une institution médico-sociale ne garantit pas l’accès et la participation aux dépistages organisés des cancers du sein et colorectal. En ce sens, il est nécessaire de promouvoir la participation des personnes handicapées aux dépistages organisés des cancers auprès des professionnels médico-sociaux et de santé.
- qu’il est nécessaire de renforcer la connaissance et la compréhension des enjeux du dépistage organisé des cancers auprès des personnes en situation de handicaps elles-mêmes.
De façon générale, le soutien de la participation sociale des personnes en situation de handicap est pensé comme un levier d’action visant à améliorer leur accès aux soins et à la santé.