Un exclu pas comme les autres. Handicap et exclusion

Auteur(s)

  • Simone Korff-Sausse

Référence

Korff-Sausse Simone, « Un exclu pas comme les autres. Handicap et exclusion », Cliniques méditerranéennes, 2005/2 (no 72), p. 133-146. DOI : 10.3917/cm.072.0133.

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Résumé de l'auteur

Est-ce que les handicapés sont des exclus ? La question amène à repenser la question de l’exclusion et à en révéler les paradoxes. Cette recherche montre que la notion d’exclusion est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît, qu’elle engage des paramètres psychanalytiques, historiques, anthropologiques, philosophiques, et qu’on a tort d’utiliser le terme « exclu » comme une entité bien reconnaissable. Des observations cliniques des interactions entre enfants handicapés et valides dans une halte-garderie pratiquant une forme innovante d’intégration permettent de préciser les enjeux cliniques de l’exclusion. L’approche psychanalytique permet de dévoiler les représentations inconscientes suscitées par le handicap liées surtout au fantasme d’une procréation dangereuse, et qui sont génératrices d’un sentiment d’inquiétante étrangeté, face à cette figure terrifiante que, sous couvert du respect affiché, il vaut mieux ignorer ou éviter.

Commentaire du Centre Ressources

L’auteur développe dans cet article une réflexion théorique, éthique, philosophique sur les questions relatives au handicap, à l’exclusion, à l’inclusion, à la position victimaire.

Elle développe cette argumentation théorique à partir d’une pratique clinique qui l’a conduite à observer des enfants interagissant entre eux dans le cadre d’une halte-garderie accueillant des enfants en situation de handicap et des enfants tout-venants.

Elle conclut son propos en disant que ces enfants sont ni vraiment exclus ni vraiment inclus mais qu’ils sont l’objet de nombreuses formes d’exclusion.

Elle rappelle que dans les pays anglo-saxons se dessine de plus en plus un mouvement de catégorisation, où les handicapés s’affirment comme une minorité dans une société multiculturelle, exprimant leurs revendications sur le même mode que d’autres minorités.

Exilé sur le seuil, entre le non-être et le nulle part, comme le formule Charles Gardou (1997). Ou comme le dit Murphy, «ni malades ni en bonne santé, ni morts ni pleinement vivants, ni en dehors de la société ni tout à fait à l’intérieur. […] L’invalide […] n’est ni chair ni poisson…» (Murphy, 1987, p.184).

Elle estime que ce statut très ambigu conféré à un individu portant un stigmate, selon la terminologie du sociologue américain Goffman (1963), personne à « l’identité abîmée», évoque le concept ancien de «liminalité» (Van Gennep,1909).
A partir de vignettes cliniques recueillies dans sa pratique, elle montre que les jeunes enfants en situation de handicap peuvent être porteurs d’une potentialité créatrice qu’il convient de soutenir.

Ainsi, son propos théorique concernant les problématiques d’exclusion/identification/différenciation/altérité sont travaillés à partir de ce que vivent les enfants, ce qui est un point de vue original.

Elle donne des exemples très intéressants d’enfants en situation de handicap qui peuvent devenir désirables, actifs dans les liens avec les autres enfants et permet de saisir les leviers permettant de faire de ces enfants des « égo » et pas seulement des "« altère » pour les autres enfants.

Cet article montre tout l’intérêt pour les pratiques d’associer une réflexion théorique psychanalytique, anthropologique, psychologique à un travail clinique d'observation et d’accompagnement des enfants en situation de handicap.

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