« Être parmi d’autres. » Accueil d’un enfant porteur de handicap à la crèche

Auteur(s)

  • J. Roux-Levrat

Référence

Roux-Levrat, J. (2016). « Être parmi d’autres. » Accueil d’un enfant porteur de handicap à la crèche. Spirale, 4(80), 81–93

Domaines de recherche appliquée

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Résumé de l'auteur

La crèche Les Cèdres à Vienne reçoit depuis quelques années des enfants porteurs de handicap parmi d’autres enfants.
À partir de l’accompagnement de cette équipe dans une réflexion sur la vie quotidienne de tous les enfants puis d’une attention portée plus particulièrement aux enfants ayant un handicap et ou des troubles psychiques, nous tenterons de témoigner de leur cheminement. L’accueil d’Amel, dont nous retracerons l’histoire, nous amènera à suivre les professionnelles dans leurs engagements auprès de cet enfant, avec l’intérêt et les difficultés que cela a suscité.
La rencontre avec chaque enfant est unique, cependant nous essayerons de dégager un certain nombre de constantes nées de cette expérience particulière, qui orientent le projet d’équipe.
Nous désignons par le même mot « handicap » des déficits, atteintes, ayant des origines et des répercussions très différentes. À l’heure actuelle, les troubles psychiques font partie aussi de cette catégorisation. Pourtant, ce n’est pas pareil d’accueillir Alexandra, 3 ans, porteuse d’une trisomie 21, qui commence à marcher et joue à la manière d’une enfant de 18 mois, dont l’évolution est prévisible, que de recevoir Carole, 3 ans, atteinte d’une encéphalopathie, qui ne peut s’asseoir ni se déplacer seule, dont on ne connaît pas les possibilités d’évolution motrice, intellectuelle et de langage, ou Paul, jeune garçon autiste de 4 ans, qui court de manière incessante, tournant sans arrêt devant lui un objet auquel il s’accroche…

Commentaire du Centre Ressources

Il s’agit ici d’une publication d’une psychologue qui présente le formidable intérêt de s’interroger sur la notion même du mot « accueillir ». Avant d’aborder les intérêts et limites de cet accueil, cette professionnelle, qui a accompagnée l’équipe de la crèche des Cèdres à Vienne dans une réflexion sur la vie quotidienne de tous les enfants, puis des enfants ayant un handicap et ou des troubles psychiques, aborde les souffrances et difficultés à la fois des parents (douleur, choc, culpabilité, perte de confiance en eux et en leur parentalité, etc.) et des professionnels (ambivalence, craintes, manque de temps et de moyens, etc.), décline le sens du mot « accueillir » et cerne les composantes qui orientent le projet d’équipe et questionnent les capacités institutionnelles à s’adapter à chaque enfant. Accueillir, c’est donc, d’après elle, d’abord « créer des liens » avec les parents et avec l’enfant. C’est ensuite « accompagner la séparation ». Et, enfin, accompagner, c'est « accueillir ce qui vient de l’enfant et chercher à s’y ajuster ». Donner du temps à l’enfant apparait également essentiel. Du côté des professionnels, il s'agira de partager des observations et de penser en équipe pour contenir et soutenir. Penser ensemble les ressources de l'enfant, malgré les moments difficiles.
Un autre intérêt est d’étayer la déclinaison de ces composantes sur des exemples concrets d’accueil d’enfants en situation de handicap au sein de cette structure.
« Etre parmi d’autres » doit être possible malgré le handicap de l’enfant. Des troubles du comportement trop importants ou bien la présence constante d’un.e accompagnateur.rice à ses côtés pourraient constituer une limite à cet accueil. L’auteure insiste, par ailleurs, sur la nécessité que ce projet d'accueil soit l'affaire de tous afin de ne pas mettre la cohésion de l'équipe en danger, sur la régularité relationnelle avec les enfants et leurs parents et sur le regard porté à l’enfant qui doit cibler ce qu’il est et non ce qu’il devrait être. Ce sont principalement là les conditions requises pour que les mouvements psychiques à l’œuvre aussi bien du côté des parents que des professionnels puissent être contenus et ne pas créer de résistances, freins possibles à l’accueil.

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