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La prise de décision : aspects théoriques, neuro-anatomie et évaluation.
Auteur(s)
- Phillipe Alain
Référence
« La prise de décision : aspects théoriques, neuro-anatomie et évaluation ». Revue de neuropsychologie 2013/2 (Volume 5). John Libbey Eurotext.p 69-81.Domaines de recherche appliquée
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Résumé de l'auteur
Prendre des décisions allant dans le sens de nos intérêts propres ou de ceux de nos proches constitue une faculté complexe, indispensable à l’adaptation et à l’autonomie. Nous exerçons quotidiennement cette faculté dans de nombreux domaines de la vie quotidienne, tels ceux des finances, des soins, de l’habitat ou encore du travail. Dans cet article, nous proposons une synthèse des connaissances sur la prise de décision reposant, pour une large part, sur les travaux récents effectués dans le domaine. Après quelques rappels conceptuels brefs s’appuyant essentiellement sur des travaux de psychologie cognitive, nous nous arrêtons sur les apports des neurosciences à notre compréhension des mécanismes de prise de décision. L’accent est mis sur le rôle de la cognition et des émotions dans la prise de décision, sur les structures cérébrales impliquées dans la prise de décision, ainsi que sur les paradigmes d’évaluation de la prise de décision accessibles. Nous espérons que cette synthèse apportera un éclairage utile sur un domaine encore très peu exploré en neuropsychologie humaine.
Making decisions going to the sense of our own interests or those of our relatives constitutes a complex faculty indispensable for adaptation and autonomy. We daily exercise this faculty in many areas of everyday life such as finance, health care, housing or employment. In this article, we propose a synthesis of the knowledge on decision-making, mostly leaning on the current studies made in this domain. After a few conceptual reminders, primarily based on work done in the field of cognitive psychology, we stop on the contributions of neurosciences to our understanding of the mechanisms of decision-making. The emphasis is put on the role of cognition and emotions in decision-making, on the brain structures involved in decision-making as well as on the accessible assessment paradigms of decision-making. This overview shows that if the psychological mechanisms and the brain regions involved in decision-making are numerous and better known today, many uncertainties remain concerning the tools useful to understand decision-making impairments in brain-damaged patients. An important experimental work should be done in this field, given that it is essential, in terms of research, in order to refine, validate or invalidate the available theoretical propositions on decision-making and, clinically, to better understand the difficulties for brain-damaged patients in a critical area for daily autonomy. We hope that this overview will provide a useful insight into an area that is still largely unexplored in human neuropsychology.
Commentaire du Centre Ressources
Il s’agit d’une revue de littérature sur les données concernant la prise de décision. La prise de décision correspond au fait d’effectuer un choix entre plusieurs modalités d’actions possibles lors de la confrontation à un problème, le but étant de résoudre le problème en traduisant le choix fait en un comportement. La décomposition du processus de décision peut se faire en 5 étapes: i) la définition de l’objet de la décision, ii) la recherche, l’analyse et l’organisation des informations utiles, iii) l’élaboration et l’évaluation d’hypothèses de décisions en s'appuyant sur des connaissances et/ou des expériences antérieures, iv) le choix d’une hypothèse de décision et v) sa mise en œuvre.
Dans ce contexte, les auteurs ont identifié trois types de prise de décision: les situations de décision sous certitude, sous incertitude (ou ambigüité) et à risque. Cette étude a également permis de préciser les zones cérébrales ainsi que les processus cognitifs impliqués dans ces trois types de prise de décision. Tout d'abord, il faut retenir que nous ne décidons pas uniquement grâce à nos aptitudes cognitives, exécutives en particulier, et que les processus émotionnels sont parfois plus déterminants dans les décisions. En d’autres termes, prendre une décision implique la réactivation d’un état émotionnel antérieur qui s’est formé lors d’une précédente confrontation à cette situation. Par ailleurs, les études en neuroimagerie ont permis de montrer que la prise de décision implique un vaste réseau cérébral incluant le cortex orbitofrontal, le cortex cingulaire antérieur, le cortex préfrontal dorsolatéral, le thalamus, le cortex pariétal et le noyau caudé. De plus, il ne faut pas oublier que l’attention, la mémoire de travail ou encore la motivation peuvent être impliquées, à des degrés divers, tout au long du processus. Enfin, le dernier axe de réflexion de cette revue concerne le moyen d'évaluer la prise de décision. Seulement 3 tests permettent cette évaluation et s'appuient sur les capacités à réaliser des calculs mathématiques plus ou moins complexes : la Iowa Gambling Task, la Cambridge Gamble Task et la Game of Dice Task.
Cette synthèse de la littérature montre donc que les mécanismes et les régions cérébrales concernés par la prise de décision sont multiples et assez bien connus aujourd’hui mais beaucoup d’incertitudes demeurent autour des tests permettant d’en appréhender le fonctionnement. En effet, ceux-ci sont peu nombreux, parfois imprécis quant aux processus décisionnels qu’ils évaluent, très peu normés en langue française et assez incertains quant à l'évaluation d'un éventuel dysfonctionnement du processus. Un important travail de recherche reste donc à faire afin d’invalider, valider ou affiner les propositions théoriques, en complément d’un travail clinique permettant de mieux cerner les difficultés des personnes ayant des difficultés dans la prise de décision et de promouvoir ainsi l’autonomie au quotidien.
Pour finir, un tel travail permettra, à terme, d'étudier ce processus chez les personnes porteuses de trisomie 21, chose qui n'a pas encore été faite. Ceci pourrait alors permettre de préciser les difficultés de ces personnes dans cette activité cruciale pour l’accès à l’autonomie. De plus, il paraît essentiel d'adapter les tests aux capacités des personnes (par exemple, éviter le calcul mathématique au profit d'une prise de décision basée sur des modalités visuo-spatiales) afin d'obtenir une évaluation précise de ce processus. Ces connaissances sont indispensables dans le cadre de notre projet visant à aider les personnes à élaborer un projet de vie en accord avec leurs choix et leurs désirs.
[ENG]
This work is a literature review of decision-making data. Decision-making is the process of making a choice between several courses of actions possible when confronting an issue. The goal is to solve the problem by translating the choice made into a behavior. The decision-making process can be divided into 5 steps : 1) Define the object of the decision, 2) Research, analyze and organize all useful information, 3) Design and assess decision hypotheses, building on knowledge or past experiences, 4) Choose a decision hypothesis, 5) Implement this hypothesis.
With this in mind, the authors have identified three conditions of decision-making: certainty, uncertainty, and risk. The study also defines the cerebral areas and cognitive processes involved in the three types of decision-making. First, it is important to note that we do not decide using only our cognitive abilities, specifically executive; emotional processes are sometimes more decisive in decision-making. In other words, making a decision implies the reactivation of a prior emotional state formed during a previous confrontation to this situation. Furthermore, studies in neuroimaging have demonstrated that decision-making involves a wide cerebral “network”, including the orbitofrontal cortex (OFC), the Anterior Cingulate Cortex (ACC), the prefrontal dorsolateral cortex, the thalamus, the parietal cortex and the caudate nucleus. In addition, attention, working memory or motivation can be involved, to some extent, throughout the process. The last focus for reflection in this review concerns the means of evaluating decision-making. Only 3 tests enable this evaluation and are based on an ability to perform more or less complex mathematics calculations: the Iowa Gambling Task, the Cambridge Gamble Task and the Game of Dice Task.
This review of the literature shows that the mechanisms and cerebral areas concerned by decision-making are numerous and currently well-documented, but doubts remain surrounding those tests enabling an understanding of its function. There are very few tests, they are sometimes inaccurate concerning the decision-making process they aim to evaluate, are not standardized in French, and are uncertain regarding the evaluation of an eventual dysfunction of the process. Significant research remains to be done in order to invalidate, validate or refine existing theories, supplemented by clinical work, to better identify the problems inherent to decision-making and hence promote autonomy in daily life.
Lastly, in the longer term, this work will provide an opportunity to study this process in people with Down syndrome, something that has not yet been done. It could lead to an outlining of the difficulties for people with Down syndrome in this activity, which is crucial to autonomy. In addition, the tests should be adapted to specific abilities (for example, substituting mathematical formulas with decision-making based on visuo-spatial methods) in order to obtain a precise evaluation of the process. This knowledge is essential to our project, which is aimed at helping people construct a life project matching their choices and wishes.Téléchargement(s)
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