« La vision des inclus » Ethnographie d'un dispositif d'inclusion scolaire à destination d'adolescents et jeunes adultes désignés handicapés mentaux

Auteur(s)

  • Godefroy Lansade

Référence

« La vision des inclus » Ethnographie d’un dispositif d’inclusion scolaire à destination d’adolescents et jeunes adultes désignés handicapés mentaux. Anthropologie sociale et ethnologie. Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS); Centre Norbert Elias UMR 8562. 2016. 522 pages

Résumé de l'auteur

S’appuyant sur une enquête ethnographique approfondie de plus de trois ans et associé à une longue expérience d’enseignant, ce travail tente de rendre compte de l’expérience scolaire d’adolescents et de jeunes adultes de 16 à 20 ans désignés « handicapés mentaux » scolarisés au sein d’un lycée d’enseignement professionnel. Depuis leurs points de vue - en adoptant une démarche « par le bas » - je me suis attaché à saisir le sens qu’ils donnent à leurs expériences ordinaires de lycéens « inclus » dans et à travers le dispositif ULIS (Unité localisée pour l’inclusion scolaire) auquel ils sont rattachés. Cette démarche attentive aux configurations de leur parcours d’inclusion m’a permis de décrire et interroger les impacts sociaux et éducatifs de la politique publique d’inclusion scolaire en « train de se faire » dont ils sont la cible. À partir du recueil et de l’analyse du rapport que ces adolescents et jeunes adultes entretiennent avec l’institution scolaire, la manière dont ils s’y adaptent ou s’y opposent, de leurs choix, de leurs projets, des rapports à soi et à autrui, je montre que ces jeunes interrogent les discours et les pratiques dont ils sont l’objet et s’interrogent sur leur existence de lycéen en général. Loin d’être aveugles au sens profond de leur expérience ainsi qu’aux paradoxes que le dispositif ULIS construit, je montre les contraintes sociales et institutionnelles objectives qui pèsent sur les trajectoires scolaires de ces jeunes. Mieux comprendre n’est malheureusement pas synonyme de mieux agir. Mais entendre ces jeunes, bien souvent contraints à l’invisibilité sociale, est essentiel pour qu’ils puissent être reconnus comme des acteurs capables d’énoncer leurs difficultés et leurs choix.
 
[ENG]
Based on a 3-year long ethnographic investigation as well as an extensive teaching career, this study attempts to both give an account and question the schooling of “mentally disabled” teenagers and young adults aged 16 to 20 in vocational secondary schools. From their own perspectives - and having adopted a low - standard approach, I strived to understand the way they experience their inclusion in the ULIS scheme (Localized Units for Inclusion). With particular attention to the configuration of their inclusive education, i could account for and put into question the socio-educational impacts of a public policy for inclusive education “in the making” of which they are the center. From the corpus and my analysis of the connection these teenagers and young adults have with the educational system whether they fit in or oppose it, their projects, their choices and the way they interact with others and see themselves, I demonstrate that they wonder about their high school life and question what is generally said about them and how they are perceived. This research shows that these students do have a clear vision of their experience and understand the paradoxes at the core of the ULIS scheme. I also focus on the objective social and institutional constraints weighing heavily on their school trajectories. A better understanding doesn’t necessarily imply a better action. Still, it is essential to listen to these socially invisible youngsters so as to empower them as people able to express their difficulties and make their own choices.
 

Commentaire du Centre Ressources

Cette recherche s’intéresse à l’expérience scolaire d’adolescents et de jeunes adultes (16 à 20 ans) scolarisés dans des lycées professionnels et désignés comme « handicapés mentaux ».
Afin de rendre compte le mieux possible du ressenti et des expériences de ces jeunes, l’auteur de cette recherche a mené un long travail ethnographique de 3 ans auprès de classes ULIS d’un lycée et d’un collège français. Il a décrit sa méthode en 3 phases : 
- La première année, phase d’ « a posteriori », qu’il qualifie « d’approvisionnement réciproque » : une présence 3 à 4 fois par semaine sur le terrain 
- La seconde année, phase « d’immersion longue et intense » : une présence quasi permanente sur le terrain 
- La troisième année, phase « d’éloignement et de la prise de distance » : une présence rare sur place mais un contact téléphonique maintenu avec les participants
 
Cette recherche est intéressante car elle rend compte du « point de vue de l’acteur »,  c’est-à-dire des personnes que l’on désigne comme « handicapées mentales ». L’auteur montre que ces jeunes interrogent les discours et les pratiques dont ils sont l’objet et s’interrogent sur leur existence de lycéen en général. 
 
Ce document pourra intéresser les chercheurs étudiant la problématique de l’autoreprésentation mais aussi des enseignants désirant mieux comprendre les ressentis de leurs élèves en situation de handicap et ainsi adapter leurs gestes et leurs discours. 
 
[ENG]
This research focuses on the school experience of teenagers and young adults (16 to 20 years old) designated as “mentally disabled”, in professional high school. 
In order to make the best possible account of the feelings and experiences of these young people, the author of this research carried out a long ethnographic work of 3 years with ULIS classes of a French high school and a middle school. He described his method in 3 phases:
- First year, phase of “retrospective”, that he calls “reciprocal supply” : a presence on the field from 3 to 4 times a week
- Second year, phase of “intense and long immersion”: an almost permanent presence on the field
- Third year, phase of “distance”: a rare presence on the field but a contact through phone with the participants
This research is interesting because it report on the “actor point of view”, that is the point of view of people that we described as “mentally disabled”. The author shows that these young people question the discourses and practices they are subjected to and question their existence as high school students in general.
This document may be of interest for researchers studying the question of self-representation as well as teachers wishing to better understand the feeling of students with disabilities and thus adapt their gestures and speeches. 
 

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