Burnout in healthcare workers managing chronic patients with disorders of consciousness

Auteur(s)

  • O. Gosseries
  • A. Demertzi
  • D. Ledoux
  • M.-A Bruno
  • A. Vanhaudenhuyse
  • A. Thibaut
  • L. Steven
  • C. Schnakers

Référence

Gosseries, O., A. Demertzi, A., Ledoux, D., Bruno, M.-A., Vanhaudenhuyse, A., Thibaut, A., Laureys, S. & Schnakers, C. (2012). Burnout in healthcare workers managing chronic patients with disorders of consciousness. Brain Injury, 26(12), 1493–1499.

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Résumé de l'auteur

Objectives: The aim of this study was to assess the presence of burnout among professional caregivers managing patients with severe brain injury recovering from coma and working in neurorehabilitation centres or nursing homes. 
Methods: The Maslach Burnout Inventory was sent to 40 centres involved in the Belgian federal network for the care of vegetative and minimally conscious patients. The following demographic data were also collected: age, gender, profession, expertise in the field, amount of time spent with patients and working place. Results: Out of 1068 questionnaires sent, 568 were collected (53% response rate). Forty-five were excluded due to missing data. From the 523 healthcare workers, 18% (n = 93) presented a burnout, 33% (n = 171) showed emotional exhaustion and 36% (n = 186) had a depersonalization. Profession (i.e. nurse/nursing assistants), working place (i.e. nursing home) and the amount of time spent with patients were associated with burnout. The logistic regression showed that profession was nevertheless the strongest variable linked to burnout. 
Conclusions: According to this study, a significant percentage of professional caregivers and particularly nurses taking care of patients in a vegetative state and in a minimally conscious state suffered from burnout. Prevention of burnout symptoms among caregivers is crucial and is expected to promote more efficient medical care of these challenging patients.

Traduction du résumé en français :

Objectif : L’objectif de cette étude était d’évaluer la présence de burnout chez des professionnels soignants en charge de patients souffrant de troubles de la conscience altérée et travaillant dans des centres de réadaptation ou des unités de soins.
Méthode : l’inventaire du burnout de Maslach (The Maslach Burnout Inventory) a été envoyé à 40 centres impliqués dans le réseau fédéral de Belgique pour le soin des patients en état végétatif (EV) et pauci-relationnel (EPR). les données suivantes ont été collectées : âge, genre, profession, expertise dans le domaine, durée du temps passé auprès des patients et sur le lieu de travail. 
Résultats: Sur les 1068 questionnaires envoyés, 568 ont pu être recueillis (taux de réponse de 53%). 45 ont dû être mis de côté faute d’avoir l’ensemble des données. Sur 523 professionnels de santé, 18% (n=93) présentaient un burnout, 33% (n=171) montraient un épuisement émotionnel et 36% (n=186) avaient des signes de dépersonnalisation. La profession (i.e. infirmière/aide-soignante), le lieu de travail (i.e. centre de soin) et la durée du temps passé auprès des patients étaient associés au burnout. La régression logistique indique que la profession était néanmoins la variable la plus fortement en lien avec le burnout. 
Conclusions : d’après cette étude, un pourcentage significatif de soignants professionnels, et en particulier les infirmières, de patients en EV ou EPR, souffrent de burnout. La prévention des symptômes de burnout chez eux est donc cruciale et devrait conduire à un soin médical de ces patients plus efficace.
 

Commentaire du Centre Ressources

Cette étude s’intéresse à l’état de santé des professionnels s’occupant des soins de patients en EV et EPR et en particulier au syndrome de burnout. Elle apporte des chiffres concrets de la prévalence d’épuisement professionnel parmi ces soignants (« modéré » à « élevé » pour 33%) et met également en avant la forte présence de symptômes de dépersonnalisation du personnel (ici pour 36%), connus pour conduire à des automatismes dans les soins donnés. Face à des patients vulnérables, démunis dans leur communication, et en dehors de l’absentéisme qu’il induit, on peut percevoir tout l’intérêt et l’importance de dépister et de prendre en charge le burnout des personnes en charge de leurs soins quotidiens. Deux critères semblent particulièrement affecter les professionnels : la durée du temps passé auprès du patient et le type de lieu de travail. De plus, l‘étude nous apprend que les infirmières et les aides-soignantes seraient plus touchées (respectivement 24% et 23%) que les autres personnels soignants (médecins, ergothérapeutes, psychologues et travailleurs sociaux ; 8-10%), sans doute du fait de leurs interventions quotidiennes auprès du patient, de manques dans leur formation initiale, des relations difficiles avec la famille du patient ou encore de leur exposition au décès de patients. Etant donné le taux de réponse de 53%, il faut être vigilant par rapport aux chiffres de prévalence. Il pourrait y avoir un biais de sélection : le personnel le plus concerné pouvant avoir tendance à répondre davantage au questionnaire. De plus, les infirmières sont la catégorie de personnel qui a le plus répondu, ce qui peut également amplifier la prévalence, même si c’est aussi la catégorie la plus nombreuse dans les centres. Par ailleurs, si l’étude soulève la nécessité de renforcer les professionnels pour leur permettre de faire face, au quotidien, aux difficultés de la prise en charge des patients EVC/EPR, elle n’indique pas de moyens de le faire. Il serait intéressant que des études futures se penchent sur les différents types de compétences à développer, notamment pendant leur formation initiale, pour ne plus être à risque de burnout. En dehors de ces compétences professionnelles et personnelles, quels autres facteurs de protection, dans et en dehors du lieu de travail, entrent-ils en jeu dans cette importante question de santé ? Il y va de l’intérêt de ce personnel (sa santé, son bien-être), mais aussi des patients (la qualité des soins apportés, sa qualité de vie) et de leur famille (ses relations avec les professionnels et sa qualité de vie). Enfin, des comparaisons internationales apparaissent difficiles dans la mesure où les contextes culturels, organisationnels et éducatifs diffèrent d’un pays à l’autre. Une étude similaire sur la population de professionnels français en charge de patients EVC/EPR serait donc bienvenue.